EDUQUER AU SUJET DE LA SHOAH VERS LE PREVENTION DU GENOCIDE

Bruxelles, le 25 décembre 1945

Mes chers, Si vous avez bonne memoire, vous reconnaîtrez ce papier à lettre – je l’ai reçu une fois pour mon anniversaire – il y a 7 ou 8 ans. Ça ma tellement amusé de le trouver que je l’ai gardé pour vous amener.

A partir du moment où mon père et sa famille ont verrouiller la porte pour s’en fuir de Bruxelles, quatre jours avant que les bombes d’Hitler ne tombent sur leur ville d’adoption, jusqu’au moment où il est finalement retourné à son immeuble le jour de Noël, cinq ans et demi plus tard, tout s’est enchaîné pour le ramener à son point de départ. Son retour d’exil si peu de temps après la fin de la guerre lui a permis de faire le deuil de sa vie passée – deuil qui était toujours hors de portée de la plupart des victimes et des réfugiés survivants de la Shoah.

Les leçons du passé qui se reflètent dans l’odyssée d’un réfugié et d’une famille qui ont surmonté les affres du destin doivent, à la lumière de celle-ci, à servir de guide pour le future.

Le but ultime est, en effet, de réunir des êtres humains de toutes religions et de toutes conditions, afin que les atrocités de la Shoah soient revisiter dans le contexte des événements actuels et qu’ainsi les droits les plus fondamentaux de la personne humaine reste au plus haut niveau de nos preoccupation actuels.

On peut parler de l’attentat contre la jeune Malala au Pakistan qui s’est dressée pour défendre le droit de toutes les jeune femmes du monde à être éduquées, ou pour s’élever contre les atrocités commises par Bashar al Assad en Syrie, les conflits et soulèvements au Moyen-Orient en Iraq contre les Yazidis – au Rwanda, au Darfour et ailleurs en Afrique, jusqu’en Corée du Nord!

En réalité les leçons de la Shoah, et les histoires de ceux qui l’ont vécue, doivent résonner aussi profondément aujourd’hui que demain et toujours.

NOUS – devons être les gardiens de la mémoire, tout en continuant la lutte pour protéger l’humanité d’aujourd’hui et s’assurer que les crimes de guerre et le génocide deviennent une chose du passé et que l’avenir mette fin à la tyrannie religieuse et politique.

La question pour mon père n’a jamais été de savoir s’il allait se battre pendant la guerre mais comment il  allait faire pour combattre son ennemi et le vaincre? Sa guerre durant laquelle il a utilisé à plein son intelligence personnelle, était la guerre du renseignement qui lui demanda, le plus souvent, de cacher son identité juive pour pouvoir garder sa liberté d’agir et de continuer à combattre.

Contrairement a la très grande majorité de soldats américain, les jeunes soldats réfugiés juifs, qui ont était plus tard connus sous le nom de Ritchie Boys, avaient une longueur d’avance dans la compréhension de leurs ennemi; cars ils étaient des réfugiés européens qui avaient fui les nazis.

Dans certains cas, ces réfugiés apatrides qui avaient perdu non seulement leurs familles mais aussi leurs amis proches dans la guerre et l’extermination des juifs par Hitler, sont revenus à titre d’agents de renseignement pour retrouver les criminels de guerre et les envoyer devant la justice. Ils étaient donc devenus des hommes aguerris qui compensaient leur manque de force physique par leur intelligence et leur vécu.

Dans le cas de mon père, il a toujours estimé que l’armée avait été une période de calme et de sécurité par rapport à son évasion de 16 mois à travers l’Europe occupée, au cours de laquelle lui et sa famille ont réussi à esquiver bombes et balles jusqu’à leur arrivée à New York en Septembre 1941, 3 mois avant l’attaque de Pearl Harbor.

En fait, le cargo sur lequel ils étaient partis au Etats Unis, le Navemar, a été, par la suite, bombardé et coulé par les Allemands lors de son retour vers l’Europe à travers l’Atlantique. C’est probablement l’un des derniers bateaux à avoir pu quitter l’Espagne, qui, a l’époque était gouvernée par Franco, un dictateur relativement bienveillant à regard des juifs.

Someday You Will Understand: My Father’s Private WWII nous amène au centre d’une histoire unique de survie et en même temps de deuil. Les mécanismes d’adaptation psychologique de mon père étaient, à n’en pas douter, exceptionnels. Il était capable de controller ses angoisses, de dominer l’insupportable, et d’apporter une contribution personnelle au delà de ses fonctions militaires. Il savait qu’il allait soit périr sois franchir indemne les portes de l’enfer à la Libération. C’est pourquoi, il se sentait un lien particulier avec les personnes déplacées de l’époque.

Comme mon père a vu par lui même les conséquences de cette guerre et du génocide, il est devenu un ardent défenseur des survivants de la Shoah. Il a rencontré des personnes déplacées, des réfugiés et des survivants par dizaines de milliers en traversant l’Italie. Une de ses premières missions en arrivant à Caserta dans le Sud de l’Italie a été de traduire une partie des ordres de capitulation à destination des troupes allemandes qui se trouvaient en Italie, de rechercher les criminels de guerre parmi des prisonniers dans les camps de prisonniers de guerre à Ghedi et Vérone avant de se rendre en Autriche et en Allemagne.

Tout le long de son chemin à la guerre, il a été confronté a la fois aux conséquences désastreuses du nazisme, au sauvetage des refuges et des personnes déplacées.

Mon père a décidé de prendre les choses en main quand il a lancé un appel d’abord à la mère de son meilleur ami, puis directement à Eleanor Roosevelt pour améliorer les conditions dans les camps de concentration transformés en camps de réfugiés. Puis, alors qu’il était en poste à Vienne il rencontra l’homme qui devint le plus grand chasseur de nazis de tout les temps, le président du Comité exécutif pour les juifs, où il était – Simon Wiesenthal dans le bureau qui jouxtait le sien.

En ce temps la, Simon Wiesenthal était juste un survivant convaincu de sa propre mission. Mon père le consultait sur la question des réfugiés et celle de la condition de réfugiés dans les camps. Il lui demanda quoi faire pour les aider. Il était parfois facile d’oublier qu’avant la guerre ces survivants étaient venus de touts horizons; et n’étaient pas des apatrides ou des personnes démunis, et cependant,  ils étaient au  bord de la famine et de la mort.

De ce fait, mon père a bouleversé le système de courrier de l’armée, pour leurs procurer autant de rations de survie qu’il était den son pouvoir de le faire. Comme l’hiver de 45 s’approchait, la situation, qui étaient déjà intolérable, a était aggravée par le froid, la privation de nourriture, et la maladie.

Par son effort de guerre personnel, il a ainsi collecté plus de 1600 paquets de rations, qu’il a personnellement livré au survivants de camps de concentration lors d’une fête de Chanukah à Gmunden en Allemagne, le premier novembre qui a suivi après la guerre. Bien qu’il se plaignit qu’il n’avait pas vraiment envie d’y aller, non seulement il s’en rappela pour le reste de sa vie, mais cela créa une souvenir durable pour des générations à venir; car l’une des personnes qui participait à cette fête, a gardé une photo de mon père pour le reste de sa vie. Après son décès, sa fille la trouva dans son coffre personnel et a retrouvé mon père a New York pour le remercier.

Au regard des DERNIÈRES NOUVELLES d’aujourd’hui sur la crise des réfugiés, l’histoire semble nous r’attraper par hasard sur la chronologie de se temps, mais si nous jetons un regard sur le passé et au-delà des gros titres de la presse, on peut constater que cette dernière vague de migration dans l’histoire humaine, la guerre génocidaire contre le peuple syrien, l’extrémisme religieux de DAECH, la montée du terrorisme mondial, et maintenant le danger de la porosité des frontières mettes au défi nos valeurs, mais aussi nos libertés communes. Par example, la liberté d’aller et venir dans l’espace Schengen. En plus, la naissance des convertis à l’extrémisme d’origine islamique à l’intérieur de nos frontiers, représentent une grave menace pour la sécurité nationale ici aux États-Unis, partout dans l’UE, dans les états africains et même en Asie. L’histoire serait elle donc un éternel recommencement qui n’est pas du tout aléatoire.

A mon avis, le but ultime des extrémistes islamiques d’attaquer indistinctement toutes les personnes, partout dans le monde, y compris les musulmans modérés, se rapporte à la définition Lemkin du génocide: les racines des mots genos, (grec pour famille, a tribu ou race) et -cide (latin pour tuer). Ne sommes-nous pas tous membres de la famille humaine?

Certains disent que nous sommes au milieu d’un 3ème Jihad, d’une 3eme guerre mondial qui serait, d’après eux, la poursuite d’un ideal qui remonte à la naissance de l’empire musulman du 7ème siècle. Le désir de forcer le monde à vivre sous la domination d’ un califat mondial et sous la loi de la charia, aurait ses origines dans ce phénomène, et serait mené par une armée de jeunes gens, certains à peine sortis de l’adolescence.

Une fois de plus, nous sommes pris dans le tourbillon de l’histoire. En effet la lutte contre le terrorisme, par exemple, n’est pas juste l’action d’un groupe de barbares DAECH qui a commis une série d’attaques terroristes à travers l’Europe. Ils se sont répandus à travers les continents; les contours du combat sont devenus flous et les environnement diplomatique remontant à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, ont donné lieu à un climat politique qui rappelle celui de la guerre froide, un example en étant la guerre par procuration qui se déroule en Syrie entre la Russie et la Turquie.

La stratégie DAECH oppose les nations, dans un climat de plus en plus xénophobe et veut placer sous sont joug les 1,6 milliard de fidèles musulmans qui sont pour la plupart modérés. Ces musulmans sont plus de 22% de la population mondiale. DAECH essaye de les radicaliser, grace à ses méthodes de propagande, met le plus de pression possible sur les musulmans modérés dans l’espoir de noircir une zone grise, et, pour mettre toujours d’avantage les pays occidentaux en difficultés. En réalité les jihadistes font une guerre totale aux les innocents.

Ceci nous amène à l’objet de la similitude entre DAECH et les nazis. Les deux entités criminelles partagent un objectif commun. Eliminer les juifs, rayer Israël de la carte, et prendre toutes les sociétés du monde civiles en otage, en galvanisant cette Diaspora d’extrémistes musulmans.

Pour citer un article paru dans le Washington Post, écrit quelques jours après les attentats de Paris, “La stratégie est explicite. L’État islamique a expliqué après les attaques de janvier sur Charlie Hebdo que ces attaques forcent les croisés á détruire activement la zone grise par eux-mêmes. . . . Les musulmans en Occident se retrouveront rapidement entre l’un des deux choix, soit apostasier . . soit émigrer vers l’État islamique et ainsi échapper à la persécution des gouvernements des croisés et des citoyens. Le groupe calcule qu’un petit nombre d’attaquants peut profondément changer la façon dont la société européenne considère ses 44 millions de membres musulmans et, par conséquent, la façon dont les musulmans européens se considèrent. Grâce à cette provocation, ils cherchent à fixer des conditions pour une guerre apocalyptique avec l’Occident.”

Campagne de propagande et terreur.Voilà où nous commençons à voir une similitude entre l’effort nazi, la stratégie de recrutement de DAECH et leur conviction commune de supériorité. La différence est le développement de la technologie dans l’ère de l’information et cyberespace. La diffusion de ces idées extrémistes maintenant fait à la vitesse de la lumière; grâce à l’internet. Facebook, Twitter, YouTube et WhatsApp sont non seulement leur route mais leur forum.

En fait, le cyberespace et l’internet constituent le nouveau théâtre de la guerre. Non seulement nous devrons apprendre à l’utiliser stratégiquement et à la même vitesse que les terroristes; mais il faut instituer la collaboration entres les réseaux et les media sociaux et les services chargés de l’application de la loi. De ce fait nous pourrons détruire leurs capacités de communication et leurs moyens “mafieux” de lever les 2 milliards de dollars annuels qu’ils extorquent pour financer leur campagne mondiale de terreur.

Cela signifie également que nous devons les frapper sur au moins deux fronts dans l’espoir de réduire l’utilisation de la force au minimum. Un: supprimer leur capacité de fonctionner sur l’internet, deux: leurs couper les vivres. Cela entraînera des pertes humains, mais permettra de sauver le plus grands nombre.

Pourquoi alors, devons-nous continuer à recueillir les témoignages de survivants et persister à informer sur l’Holocauste; peut être par ce que l’histoire est cyclique? Si l’on prends l’exemple les Yazidis, qui pratique une ancienne religion vielle de 4000 ans, et parmi les plus anciennes en Mésopotamie, le jour avant les attentats de Paris en Novembre, le Musée de la Shoah aux Etats Unis à Washington a publié un rapport indiquant que l’attaque par DAECH sur les 500,000 fidèles Yazidis vivant en Irak devait t’être considéré comme un crime génocide. L’organization terroriste de l’État islamique a procédés a des massacres, des viols a réduit en esclavage des femmes Yazidis alors qu’elle a forcé les jeunes hommes et les garçons à la rejoindre pour se battre avec eux ou bien les tuer.

Quel est la raison de continuer à éduquer sur le thème de l’Holocauste si le succès semble inaccessible, et si la guerre et le génocide reviennes d’une manière cyclique?

Propagande et actes de terreur. L’idéologie de Hitler et sa haine contre les juifs a produit l’Holocauste de  même manière de cette guerre de religions, est dirigée contre le monde contemporain. L’education sur la Shoah en est une forme de condamnation.

Nous devons utiliser les similitudes de ces deux périodes de l’histoire de l’humanité pour éduquer les générations futures et revisiter cette période la plus haineuse de l’histoire, de manière à ce que nous puissions trouver des mécanismes adapters pour combattre de cette nouvelle vague de terreur.

La plupart du temps nous sommes heureux de laisser de cotés les leçons de l’histoire de nos familles derrière nous et nous vaquons à nos vies actives et stressantes, à la poursuite d’une vie meilleure. Nous apprenons à ne pas revenir sur le passé. Les souvenirs sont laissées dans des boîtes réelles ou imaginaires dans les greniers ou les placards, on enfouis dans notre subconscient.

Parfois, les caprices du destin interviennent pour nous rappeler leurs importance, et peuvent  nous conduire sur des chemins nouveaux. La mémoire est tenace. Des indices y sont laissés a l’intérieur intentionnellement ou pas pour nous permettre de découvrir au bon moment les leçons d’histoire.

Mon temps est venu quand mon père me tendit une boîte en métal vert, rempli de 700 lettres qu’il avait écrites à sa famille alors qu’il servait dans l’armée américaine pendant et à la suite de la Deuxième Guerre Mondiale.

Je suis la gardienne de la mémoire de mon père. En racontant son histoire, mon espoir est, dans un certain sens, de pouvoir apporter une petite contribution contre l’histoire révisionniste.

À cette fin, il nous faut non seulement lire l’histoire, mais en ressentir les effets. Pour sentir l’Histoire, nous devons entendre les histoires de ceux qui les ont vécu de première main. Il m’a été ordonné de ne jamais oublier. Chaque “histoire de survivant” est essentielle et doit être racontée, parce que, pour chaque histoire, il y a des négationnistes, comme l’ancien président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad, un négationniste fervent qui a nourri sa propagande pour les masses sous le couvert de l’éducation. Son remplaçant, Hassan Rouhani prétend tomber du côté modéré du déni. Peut-être une petite amélioration, mais tant qu’eux ceci et d’autres ont une voix et la liberté de s’exprimer, il est impératif que chaque histoire fasse partie d’un bouclier contre l’antisémitisme et par voix de conséquence constitue, un bouclier contre le génocide, peu importe qui sont les victimes mondiale désignées.

Comme la quantité de survivants de l’Holocauste qui peuvent témoigner diminue  de jour en jour, il nous incombe à nous, leurs enfants et petits-enfants, de raconter leurs histoire aussi précisément que possible, et de travailler à mettre fin à des crimes contre l’humanité, peu importe où ils se produisent, alors qu’ils constituent une menace grave pour l’avenir de l’humanité.

Nôtre combat est d’ajouter une pierre à l’édifice de plus, et de fermer la porte à toutes les idées propagées par tous ceux qui remettent en question la véracité de la Shoah. La politique et les lois ne semblent pas prévenir les crimes contre l’humanité, mais peut-être à travers le prisme des survivants et de leurs descendants, nous pouvons servir de caisses de résonances a leurs condamnation.

Les lettres de mon père m’ont emmené dans un voyage à travers son passé que je ne connaissais pas, dans une odyssée où les vrais héros étaient ceux qu’il a rencontrés sur le long chemin de l’exil qui comptait des milliers de vivants mais aussi des milliers de morts.

En chemin, je trouvai un autre héros, le héros méconnu qui était mon père, parce qu’il avait gardé le silence tout au long de sa vie sur cet episode de son existence et m’avait ainsi permis d’avoir une enfance insouciante, déchargée du poids de son passé.

Les lettres ont été principalement écrites à sa mère et à sa famille, mais elles sont destinées à toute personne intéressée. Quand mon fils avait 8 ans, je lui tendis les premières pages de certaines de ces lettres traduites en anglais, un jour qu’il manquait de matériel de lecture pour l’école. Quelques minutes plus tard, je l’ai entendu rire dans sa chambre…

J’ai crié «Fais tes devoirs!”

Il m’a répondu : “J’Y SUIS MAMAN! Je lis ce que vous m’avez donné, et je me sens comme si PAPI était dans ma chambre avec moi! ”

Mes yeux se remplirent de larmes. J’ai couru vers sa chambre, l’ai embrassé et promis de traduire chaque lettre – pour lui. Je suis peintre. J’ai étudié l’architecture. La dernière fois que j’ai écrit, c’était à l’université, mais je dois vous dire que, dès l’instant où j’ai commencé la traduction de ces lettres du français vers anglais, les mots ont coulé de source.

Chaque enfant reconnaît la voix de ses parents. J’ai trouvé mon chemin dans celui de mon père.

Les lettres ont été écrites par un jeune survivant réfugié, en exil, qui vous voulait faire la chronique de sa vie dans l’armée sur un rythme  presque quotidienne. Nous, nous envoyons des textos, lui, il écrivait. Il a parlé à plusieurs reprises d’enregistrer ses pensées, et utiliser sa voix comme un véhicule de celles ci.

Les lettres ont été écrites sur le papier le plus étonnant, y compris avec l’en-tête nazi de couleur rouge; mais en fin de compte, il a écrit ce que je pense être la plus incroyable de toutes les lettres. Parmi les biens récupérés à Bruxelles ce jour de Noël en 1945, il a trouvé du papier à lettre monogramme à ses initiales, un cadeau de bar mitzvah.

Je trouve ce courrier terriblement émouvant, car il donne une comptabilité précise de tous les éléments qu’il a trouvé et ce qu’il allait exactement faire pour assurer leur retour en toute sécurité à leurs propriétaires légitimes, ses parents et sa soeur. Il a apporté tous leurs biens à l’AJDC (American Joint Distribution Committee) situé dans le bâtiment à côté de la Grande Synagogue où il est devenu Bar Mitzvah.

Coïncidence ou destin?

Son voyage a été une veritable odyssée. Je suis certaine qu’il n’a jamais oublié une seul detail. Un de ses derniers souvenirs, et certainement la révélation la plus effrayante, est apparu quand il a dit, après avoir entendu une alarme se déclencher sur le haut-parleur de l’hôpital,

  • Quand je l’entends ce son, tout ce que je peux penser est:
  • JE SUIS UN JUIF, JE SUIS UN JUIF, JE SUIS UN JUIF!

Les lettres peuvent parfois être mal interprétées et alors considérées comme banales, mais à lire entre les lignes, on lève l’ambiguïté sur la frustration de la banalité. leur sense se trouve entre les virgules, à la pause entre les mots et dans les non dits. Ce que mon père a choisi de ne pas transmettre a servi à aiguiser l’image plus grande des événements qui se déroulé autour de lui. Cela a permis à l’histoire d’être mise en scène.

Là où il a donné la parole à ses expériences lors de sa formation militaire, et plus tard à son retour en Europe à la fin de la guerre, mon travail a évolué en donnant la parole à ses silences.

Quatre ans après son arrivée aux États-Unis, mon père Walter Wolff, qui parlait couramment l’allemand et le français, qui était à l’aise en espagnol et avait une certaine connaissance de l’italien, est retourné en Europe comme l’un des Ritchie Boys, une branche exclusive de l’armée Américaine qui a évolué pour devenir plus tard la CIA.

Le persécuté est retourné poursuivre ses persécuteurs, en envoyant un grand nombre d’antre eux à Nuremberg. Il avait à peine vingt ans.

Ses lettres sont poignantes, déchirantes, et en même temps souvent très drôles. Il était un jeune homme charmant et plein de ressources, un observateur attentif de la crise et des règlements de compte qui ont eu lieu à la fin de la guerre. Il est retourné sur les lieux de son enfance, il a vu de vieux amis au hasard de la route, et finalement, il a libéré sa maison de famille à Landau de collabos qui l’avaient acheté après que sa tante Meti en ait été expulsée pour aller en camp de concentration.

Chargé d’interroger des criminels de guerre en Italie, en Autriche et en Allemagne, il se promenait comme un John Wayne juif, avec une étoile de David jaune collée à son étui de pistolet. Comme Ritchie Boy, une de ses premières tâches à son retour en Europe comme je l’ai dit, était de lire et classer les documents de Mussolini, et de traduire les ordres des forces alliées aux nazis en Italie du Nord pour leur reddition inconditionnelle.

C’était un jeune homme remarquable, avec beaucoup de courage et en plus un sens de l’humour qui trancher avec sa détermination inébranlable.

Il était déterminé à retourner à l’immeuble qu’il avait habiter à Bruxelles, pour voir ce qui restait là de son ancienne vie. Au moment où il est revenu Rue de la Loi, là il avait bien changé. Alors qu’a l’époque de sa jeunesse il était un adolescent dégingandé, il revenait dans les habits d’un officier américain du renseignement avec la “belle gueule” de movie star. Quand il est arrivé au niveau de son immeuble au 155 rue de la Loi, il a immédiatement reconnu le concierge.

“-Etes-vous Monsieur Huber?”  A-t’il demandé.

L’homme le regarda et lui dit: “Qu’est ce que ça peut vous faire?”

Un instant plus tard, sa femme sortit derrière lui, a crié et a presque laissé tomber son balai et son sceau quand elle le vit. Elle savait exactement qui était mon père. La seule chose que M. Huber finalement était parvenu à dire, était la suivante:

 

«Je vous croyais tous morts, parce que vous ne m’avez jamais donné aucun signe de vie.”

D’une manière tout a fait inattendu il a retrouver la plupart des biens de sa famille après avoir appris que M. Huber, un pharmacien nommé Demeure, et un vielle ami de la famille avaient fait de grands efforts pour protéger et garder leurs affaires. L’un d’eux a même subi un interrogatoire aux mains de la Gestapo à leur infâme siège, de l’Avenue Louise à Bruxelles.

Mon père avait était  ainsi l’un des rares réfugiés juifs qui avait réussi à récupérer une partie de “leurs vies antérieures” et leurs comptes financières, donnant à sa famille une occasion rare de retrouver un sentiment de stabilité financière et émotionnelle.

Epilogue:

Après la guerre, mon père  sortira diplômé de Columbia University et ouvrira une chaîne de magasin de meubles “Bon Marché” à New York et Washington. A côté de cela, nous mènerons une vie familiale paisible, et il nous parla jamais de sa guerre.

Avant de terminer, si vous me le permettez, je voudrais vous lire un extrait de mon livre:

Linz, Autriche

30 Juillet 1945

Chère Mme Roosevelt,

Vous trouverez une “publication” intéressante, si je puis dire. Malheureusement,  j’ai pu en obtenir que ces fragments, mais cela m’a tellement amusé que j’ai pensé que cela valait la peine de vous l’envoyer.

Dans le même temps, je voudrais prendre la liberté de vous informer que, tandis que les réfugiés polonais, yougoslaves et italiens sont généreusement pris en charge, le reste de la communauté juive européenne est massée dans sans camp, avec personne pour s’intéresser réellement à eux. On m’a même dit à propos que certains officiers disaient, que nous étions venus un peu trop tôt, si nous étions venus plus tard, nous aurions eu moins de ces Juifs dont nous aurions eu à nous soucier. Cela j’espère, n’est pas l’attitude générale de toutes les parties concernées, mais cela reflètent une certaine tendance.

Certains de ces pauvres gens m’ont aussi dit, dans un camp près de Munich, qu’il n’y avait eu là aucun de contact avec un quelconque organisme de secours américain jusqu’a cet instant. La même chose semble être vraie dans le cas du camp de Salzbourg. Je vous dis tout cela dans l’espoir qu’un rappel public par une personne de votre trempe et permanent devrait inciter certaines organisations (dont le devoir moral est de s’occuper de ces malheureux) puisse agir.

Respectueusement vôtre,

M / Sgt.Walter C.Wolff 

32908561 H.Q. Documents Centre

G-2 USFA /A.P.O. 777 USArmy

Je ne trouve aucune trace d’une réponse à sa lettre, mais l’engagement indéfectible de Eleanor Roosevelt se retrouve dans ses discours devant le Congrès, dans sa chronique quotidienne My Day, et surtout dans le travail qu’elle a fait avec l’UNRRA, l’Administration des NATIONS UNIES pour le Secours et la RÉHABILITATION, dans lesquels elle a pris une grande part à la rédaction de la Déclaration Des Droits de L’homme. A ce sujet, elle a écrit: «Il existe en Europe à l’heure actuelle un groupe de 100.000 personnes-la déplacées, malheureux, tourmenté, Juifs terrorisé qui ont vu les membres de leur familles assassinés et leurs maisons détruites, et qui sont apatrides, car ils détestent les Allemands et ne veulent plus vivre dans les pays où ils ont été dépouillés de tout ce qui rend la vie digne d’être vécue”.

Ma grand-mère Omi, a été très critique au regard de la lettre écrite à l’ancienne première dame et l’a trouvé naïve. Mon père a répondu qu’il ne lui demandait pas son avis. Il avait choisi d’envoyer la lettre à la maison d’abord, afin d’éviter les yeux indiscrets de la censure, le but étant que sa famille transmettra ensuite à Eleanor Roosevelt.

Omi n’a pas compris que mon père avec chaque autre soldat juif et la trentaine d’aumôniers juifs en Allemagne et en Autriche directement après la guerre, qui avaient pris part à la fois la libération des camps et de l’occupation militaire, était parmi les premiers juifs Américains à porter son regard sur les survivants lorsqu’ils se sont  mis en route vers la liberté pour atteindre la zone d’occupation américaine. Ils étaient dans la position unique d’être les yeux et les oreilles d’un monde qui juste commençait à comprendre l’ampleur des atrocités commises et pour lesquelles les mots que nous utilisons maintenant d’une manière courante, genocide, Shoah et Holocauste, n’existaient pas à l’époque.

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